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Van Gogh et Saint-Paul de Mausole : un voyage dans la psychiatrie du XIXe siècle
Evelyne Duret, conservatrice honoraire du patrimoine, vient de publier « Un asile en Provence », auprès des éditions Aix-Marseille Université, avec le soutien de l’association Vivre et devenir. Le récit se situe à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et raconte l’histoire du site Saint-Paul de Mausole, rendu célèbre par le séjour du peintre Vincent Van Gogh.
Depuis 2017, le site est géré par l’association Vivre et devenir. Il regroupe la maison d’accueil spécialisée (MAS) Les Iris pour des adultes en situation de handicap et la Maison de santé Saint-Paul, une clinique de court séjour psychiatrique réservée aux personnes de sexe féminin souffrant d’affections psychiatriques.
L’histoire du site Saint-Paul de Mausole et les maladies psychiques est très ancienne et date du XVIIIe siècle, par les moines observantins de Saint-Paul. Avec la Révolution française les moines sont chassés et leurs biens vendus à des laïques.
Cette ouvrage retrace l’histoire de la création de l’asile en 1807 jusqu’au début du XXe siècle. En 1807, à Saint-Rémy-de-Provence, le docteur Louis Mercurin achète l’ancien couvent de Saint-Paul-de-Mausole. La petite maison de force tenue avant la Révolution par des moines devient un asile privé laïque dirigé de main de maître par le médecin. Pendant les décennies qui suivent sa mort en 1845, ses trois petits-enfants, un temps associés dans la propriété de l’établissement, président à sa destinée. Venus pour la plupart du quart du Sud-Est de la France, des malades mentaux des deux sexes sont enfermés à Saint-Paul. Vincent Van Gogh y a vécu un an, de mai 1889 à mai 1890, séjour au cours duquel il a réalisé une part importante de son œuvre.
D’abord effroyables, les conditions de vie des pensionnaires s’humanisent ; grâce à la vigilance des inspecteurs de la préfecture des Bouches-du-Rhône, les maltraitances les plus criantes sont supprimées. Mais les préoccupations de rentabilité et les problèmes de pouvoirs entre propriétaires, directeurs, médecins et religieuses relèguent au second plan la question de la guérison alors aléatoire de la folie. Le livre d’Evelyne Duret apporte un témoignage éclairant sur l’histoire de la psychiatrie en France au XIXe et au début du XXe siècles. Selon Evelyne Duret : « Peu de moyens existaient en France au XIXe siècle pour soigner la folie. Dans les établissements spécialisés publics aussi bien que dans le privé, la proportion des incurables était importante. Réponse unique ç tous les troubles, l’asile accueillait aussi bien des patients à la pathologie lourde que des personnes qui relèveraient aujourd’hui d’une psychothérapie de cabinet. »
Un asile en Provence
La maison Saint-Paul à Saint-Rémy du XVIIIe au début du XXe siècle
Auteur : Evelyne Duret
Éditions Aix-Marseille Université
181 pages
19 euros en vente dans les librairies