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Actualités
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URAT : Une passerelle pour accompagner des autistes en situation de complexité
Ouverte en avril 2023, l’Unité renforcée d’accueil temporaire (URAT) à Villepinte (Seine-Saint-Denis) accueille 6 adultes autistes présentant des troubles sévères, associés à des problèmes de comportement majeurs. Visite.
Autisme sévère
Installés chacun à une table, Younes, Nicolas et Michel terminent leur petit-déjeuner dans la salle à manger de l’URAT de Vivre et devenir à Villepinte (93). Les 3 Accompagnantes éducatrices et sociales (AES) à leurs côtés sont là pour aider à la prise du repas et prévenir les éventuelles crises. Âgés entre 18 et 24 ans, les trois garçons font partie des 6 pensionnaires de l’URAT et sont arrivés il y a moins de 6 mois. Dans une maison neuve de 450 m2 avec jardin, cette unité très spécifique a été conçue pour répondre aux besoins des personnes autistes sévères et améliorer leur qualité de vie. Créés en 2016 par l’Agence régionale de santé (ARS), ces dispositifs ont l’ambition d’éviter les ruptures de parcours des situations particulièrement complexes (voir encadré « Les 3U »).
Parcours fragmentés
« Les situations que l’on qualifie de “complexes” concernent des moments de rupture du parcours de la personne autiste qui mettent en difficulté de manière récurrente et avec une grande intensité tant les familles, les professionnels que les établissements qui les accompagnent, explique Adeline Faber, adjointe de direction de l’URAT. Ici, nous accompagnons six personnes de manière transitoire en attendant une solution stable au sein d’un établissement ou un retour en famille. La durée de notre accueil est prévue pour 6 mois, renouvelable une fois pour 3 mois. »
Activités personnalisées
Chaque jour, une réunion flash réunit le personnel accompagnant présent (moniteurs éducateurs et accompagnants éducatifs et sociaux – AES). L’objectif de cet échange quotidien entre professionnels est de déterminer les activités pour la journée en fonction des besoins et des projets de chaque résident (séances de Snoezelen, travail sur le plan cognitif, sur le schéma corporel, mais aussi médiathèque, jeux, etc.).
1 pour 1
Vingt professionnels se relaient ainsi jour et nuit, 365 jours par an, autour des personnes accompagnées. « Un résident pour un professionnel, précise Sonia Abdellaoui qui supervise l’équipe et coordonne les parcours des résidents avec les partenaires. C’est essentiel pour être au plus près des besoins et faire face à des troubles de la conduite. » C’est notamment le cas de Younès, 20 ans : dérangé ce jour par un bruit extérieur pendant son activité de lecture, il se met violement en colère. Toute l’attention et la douceur de l’AES à ses côtés sont alors nécessaires pour l’apaiser.
Au plus près des besoins
Dehors, Badara, 18 ans, joue sur une balançoire, entouré d’une AES et d’un éducateur. Il a passé son enfance dans sa chambre et a manqué de soins : il s’exprime par des cris et demande en permanence à être à l’extérieur. « En général, les résidents, la plupart non verbaux, n’ont pas reçu d’accompagnement éducatif, reprend Adeline Faber. L’objectif de l’URAT est de leur proposer du soin mais aussi de travailler sur la collectivité et les compétences. »
Accompagner le projet de vie
Après une évaluation des personnes accompagnées au niveau somatique et cognitif, les professionnels de l’URAT proposent des solutions pour leur permettre de réintégrer au plus vite et au mieux un lieu de vie (foyer, Maison d’accueil spécialisée – MAS, Petites unités résidentielles -PUR, etc.).
Pour Badara, les retards d’acquisition sont importants. Le jeune garçon commence à s’attacher aux professionnels qui l’entourent et ses progrès sont encourageants. Mais le chemin sera long et plus de 6 mois seront nécessaires avant qu’il ne montre toutes ses capacités. C’est pourquoi son accueil sera renouvelé afin de poursuivre son évaluation.
Tous les résidents de l’URAT ont un profil singulier avec des parcours spécifiques. En réponse à des situations de crise, la structure construit une solution graduée tant sanitaire que médico-sociale, adaptée aux besoins de chacun.
Témoignage
« Ils ont sauvé Nicolas »
Nicolas a 25 ans et a été adopté en Bulgarie, à l’âge de 3 ans. Il cumule les troubles de l’abandon et ceux de l’autisme. « Plus il a grandi, plus les troubles du comportement ont été difficiles à gérer, raconte Christine, sa maman. Nicolas cherche l’attention en permanence, il provoque et peut tout casser. C’est difficile de l’avoir à la maison : on n’est pas sereins. Après 10 ans dans un établissement en Belgique, nous avons découvert l’USIDATU (cf. encadré) qui l’a orienté à l’URAT de Vivre et devenir il y a 2 mois. Aujourd’hui, il revit et reprend des forces. L’URAT est en train d’évaluer ses capacités pour trouver l’établissement adapté à un accueil pérenne, un FAM (foyer d’accueil médicalisé) ou une MAS (maison d’accueil spécialisée). »
Les 3U
L’URAT travaille en lien avec les unités mobiles interdépartementales (UMI) et l’unité sanitaire interdépartementale d’accueil temporaire d’urgence (USIDATU), ainsi qu’en relation étroite avec les maisons départementales pour personnes handicapées (MDPH) et les Agences Régionales de Santé (ARS) des départements du 93, 77 et 94. L’UMI a en charge de détecter les situations complexes, notamment des comportements dysfonctionnels agressifs et violents. Elle intervient à la demande des parents ou d’un professionnel (sanitaire, médico-social, social, etc.) pour réaliser une observation multidimensionnelle et vérifier que l’accompagnement est adapté. Si ce n’est pas le cas, la personne est accueillie à l’USIDATU (Unité Sanitaire Interdépartementale d’Accueil Temporaire d’Urgence) à la Pitié Salpêtrière à Paris où traitement et accompagnement sont réévalués. En fonction de sa complexité clinique, la personne pourra être dirigée vers une URAT, structure temporaire dédiée aux personnes en sortie d’hospitalisation, le temps d’affiner son orientation vers un hébergement adapté.
Fiche d’identité
Nom : Unité renforcée d’accueil Transitoire
Date d’ouverture : 12 avril 2023
Lieu : Villepinte (Seine-Saint-Denis), au sein du Pôle Handicap Saint-Louis de Vivre et devenir
Résidents : 6 adultes autistes dans des situations complexes, à partir de 16 ans
Équipe : 20 collaborateurs (accompagnants éducatifs et sociaux, moniteurs éducateurs, infirmières, aides-soignants, chef de service, psychologue, coordinatrice, médecin psychiatre…)
À retenir : cette unité a pour mission d’évaluer, de stabiliser et de préparer l’après pour les personnes adultes autistes en situation complexe. Elle offre 6 places d’accueil personnalisé pour une durée de 6 mois, renouvelée une fois, 3 mois.