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Unité mobile autisme de protection de l’enfance : Agir au plus près des besoins de l’enfant
L’unité mobile autisme de la protection de l’enfance (Bobigny, Seine-Saint-Denis) accompagne dans leur milieu ordinaire des enfants et adolescents présentant des troubles du neurodéveloppement (TND) et du spectre de l’autisme (TSA). Rencontre avec Rajah Bouzyani, assistante familiale, et Sophie Gibert, éducatrice spécialisée de l’unité mobile.
Innovation
C’est un mercredi de juin étouffant : Sophie Gibert, éducatrice spécialisée à l’unité mobile autisme protection de l’enfance de Vivre et devenir, accompagne Rajah Bouzyani, assistante familiale pour la protection de l’enfance, ainsi qu’Aaron, 9 ans, et Kadheja, 6 ans. Les deux enfants sont suivis par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et accueillis chez Rajah depuis trois ans. La petite troupe chemine vers le parc du Tremblay en France (93) afin de profiter des jeux d’eaux et se rafraîchir « Dans le domaine de la protection de l’enfance, il y avait un trou dans la raquette concernant les enfants avec des TND et des TSA, explique d’emblée Sophie. Suite à un appel à projet de l’ASE et de l’Agence régionale de santé (ARS), l’association Vivre et devenir a créé il y a 3 ans, une unité mobile autisme destinée à ces enfants. En la matière, elle fait figure de pionnière. »
Éviter les ruptures de parcours
Basée à Bobigny (93), l’unité mobile intervient dans tout le département de la Seine-Saint-Denis. Pluridisciplinaire (psychologue, psychomotricienne, éducatrice et infirmière), l’équipe est formée aux spécificités des troubles du neurodéveloppement. À la demande de l’ASE, elle se rend au domicile des assistants familiaux, dans les foyers de l’enfance du département, et dans les maisons d’enfants à caractère social (MECS). « J’étais en difficultés avec Aaron et Kadheja qui ont des problèmes de comportement, de sommeil, de violence… avec des exclusions de la cantine et du centre de loisirs pour Aaron, poursuit Rajah. Le référent éducateur ASE a repéré ma fatigue et a fait appel à l’unité mobile pour me soutenir et éviter la rupture de parcours. »
Écoute et soutien
Au début, Rajah était inquiète : elle craignait que l’équipe de l’unité mobile remette en cause son travail. « Lorsque l’ASE nous présente une situation, nous nous rendons régulièrement où vit l’enfant et évaluons, pendant 1 à 2 mois, ses différents environnements : famille d’accueil, foyer, école, centre de loisirs, etc. », complète Sophie. Rapidement, Rajah est rassurée par les visites de l’équipe de Vivre et devenir : « Je me suis sentie écoutée et soutenue. Elle m’a donné des conseils, notamment pour réaménager ma maison afin de la sécuriser pour Aaron et Kadheja. Elle a aussi communiqué avec l’enseignante de Aaron pour lui donner des outils et améliorer son comportement d’élève. »
Suite aux évaluations, un protocole d’intervention est construit avec les professionnels de terrain proches de l’enfant (assistants familiaux, éducateurs de foyers, enseignants…), et présenté à tous les partenaires liés à la situation de l’enfant (centre médico-psychologique, médecins, référent ASE…).
Une coordination essentielle
Cette coordination entre les différents professionnels est essentielle pour assurer la continuité du parcours des enfants. L’accompagnement est de 9 mois, renouvelable une fois, pendant lesquels Sophie se rend une fois par semaine chez Rajah afin de suivre l’évolution des enfants et, si nécessaire, réadapter les outils et propositions. Elle intervient aussi en appui des structures (école, foyer, assistante familiale…) par le biais des observations et des actions de sensibilisation et de formation des professionnels de l’équipe.
Réels progrès
Depuis l’intervention de l’unité mobile, Aaron et Kadheja ont bien évolué « Avant, je ne pouvais pas laisser Kadheja seule : elle était capable de se jeter par la fenêtre, affirme Rajah. Aujourd’hui, ils ont compris que chez moi, il n’y a pas de violence. » Même s’il reste encore à travailler le vivre-ensemble, ils ont fait de réels progrès et peuvent poursuivre leur parcours : Kadheja attend sa rentrée dans une Unité d’enseignement en élémentaire autisme (UEEA), tandis que Aaron est sur liste d’attente pour un Service d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) Vivre et devenir.
Fiche d’identité
Nom : Unité mobile autisme protection de l’enfance
Date d’ouverture : 2021
Lieu : Bobigny
24 enfants et adolescents de 0 à 20 ans ayant des troubles du neurodéveloppement (TND) et du spectre de l’autisme (TSA)
Équipe : 4 éducateurs spécialisés à temps plein, 2 psychomotriciennes à mi-temps
1 psychologue de supervision à mi-temps, 1 infirmière à mi-temps, 1 médecin, 1 chef de service
Modalités d’admissions
Sur sollicitation de l’Aide sociale à l’enfance (médecin et/ou responsable du bureau de l’accueil familial)
Accompagnement sur 9 mois, renouvelable 1 fois
Témoignages
Un soutien pour répondre aux besoins des enfants
« Sophie est ma porte-parole. Je peux lui dire ce que j’ai sur le cœur, elle en parle à qui de droit et trouve des solutions. C’est elle qui a demandé un test psychométrique pour Kadheja afin de soutenir son entrée dans une UEA lors de l’équipe de suivi de scolarisation (ESS). L’équipe de l’unité mobile m’a orientée vers les bons professionnels pour donner leur chance à Aaron et Kadheja. » Rajah Bouzyani, ssistante familiale pour la protection de l’enfance
Déculpabiliser les familles d’accueil
« Les assistantes familiales sont très seules et ont toujours l’impression de mal faire. Avec notre regard extérieur, nous les encourageons et leur donnons des petits trucs pour les aider à surmonter les difficultés et à améliorer leur quotidien.Nous avons une liberté d’action qui nous permet de débloquer des situations. » Sophie Gibert, éducatrice spécialisée de l’unité mobile