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Une semaine avec : Amal Chouitem, une année avec la crise Covid
Mercredi 3 mars 2021
Introduction :
Vivre et devenir vous invite à découvrir le quotidien d’un professionnel et son établissement dans une série de trois articles.
Amal Chouitem, vous êtes directrice de l’institut médico-éducatif (IME) Marie-Auxiliatrice dans la ville de Draveil, département de l’Essonne.
C’est un établissement qui accompagne 120 enfants en situation de handicap sévère.
Votre équipe se compose de 200 personnes qui se mobilisent pour les soigner et leur apporter un parcours de soins de qualité.
Vous développez entre autres leur autonomie, vous tenter d’améliorer leurs capacités physiques et psychiques, avec un programme d’accueil personnalisé, co-construit avec les parents, ce qui comprend internat, accueil séquentiel et temps partiels.
Il faut noter que l’établissement est ouvert tous les jours de l’année, avec des programmes spéciaux, en août.
Les équipes ont mis en place des commissions « culture » ou « sports et bien-être ».
Votre établissement a été lauréat des Trophées innovation de la Fehap pour le projet « promotion de la démocratie sanitaire en établissement médico-social ».
Vous développez le projet sur la pratique de l’éducation thérapeutique du patient.
1. Pouvez-vous nous décrire l’enchainement des événements liés au COVID 19, vécus par votre IME ?
Amal Chouitem : Suite à l’annonce du gouvernement concernant la fermeture des écoles, nous n’avons pas eu d’autres choix que de fermer notre externat et organiser le retour des enfants internes auprès de leur famille quand c’était possible, pour les protéger d’un risque de contamination et limiter la propagation du virus au sein de l’établissement.
Nous avons mis en place une organisation qui permettait d’assurer la continuité de l’accompagnement et des soins des enfants tout en garantissant la fourniture d’équipement de protection et le respect des gestes barrières et des règles d’hygiène nécessaires.
2. Avez-vous gardé des enfants au sein de l’établissement ?
Amal Chouitem : Pendant cette période de confinement, nous avons continué à accueillir 29 enfants à l’internat pour lesquels la santé était trop fragile ou pour lesquels, la situation familiale ne permettait pas un retour au domicile (principalement des enfants qui relèvent de l’Aide Sociale à
l’Enfance).
Très vite, nous avons dû faire face à des cas COVID-19 chez les enfants confinés dans l’établissement et chez des professionnels qui accompagnaient ces enfants. Nous avons su gérer la situation en collaboration avec l’équipe médicale et paramédicale et éviter les cas graves au sein de l’établissement.
3. Les professionnels de santé ont reçu des applaudissements pendant des semaines : je pense que vos équipes font partie de celles et ceux qui les méritent : qu’en pensez-vous Amal ?
Amal Chouitem : Le succès de notre combat contre la COVID 19 au sein de notre établissement repose sur nos équipes qui ont fait preuve d’un engagement sans faille. L’établissement a pu traverser cette épreuve grâce à la collaboration d’une équipe pluridisciplinaire (médecins, personnels soignants, éducatifs, de nettoyage, technique, administratif…) qui a su
s’adapter à une organisation qui évoluait continuellement en adoptant les bons gestes.
Une équipe mobile s’est créée de manière spontanée pour intervenir au domicile des familles qui le souhaitaient et assurer un accompagnement à distance pour les autres.
Je suis fière et reconnaissante du travail accompli par mes équipes, malgré les craintes face à cette pandémie.
4. Votre établissement n’a pas été fermé pendant le deuxième confinement. Comment vous gérez la crise du COVID-19 dans la durée ?
Amal Chouitem : Les difficultés liées à la crise de la Covid-19 sont multiples. Il faut être capable à la fois de mettre en place une organisation qui réponde aux besoins des familles et de leurs enfants tout en s’adaptant aux recommandations sanitaires.
Il faut également rassurer les familles quant aux solutions mises en place au sein de l’établissement pour assurer la sécurité des enfants et des professionnels.
5. Les enfants et jeunes que vous accompagnez sont-ils plus fragiles, du fait de leur handicap ?
Amal Chouitem : Les enfants accueillis au sein de l’établissement sont particulièrement fragiles.
D’ailleurs ce sont les plus fragiles qui sont restés confinés au sein de l’établissement pendant le confinement. Le virus et ses conséquences n’étant pas encore connus, nous avons assuré un suivi médical important des enfants qui se révélaient positif à la COVID 19 afin de leur apporter les soins nécessaires.
Finalement, malgré leur fragilité, les enfants atteints de la COVID 19 ont eu peu de symptômes.
6. Le personnel et quelques patients ont été touchés : comment se porte leur santé s’il vous plait ?
Amal Chouitem : Aujourd’hui, tout le monde se porte bien. Le challenge est de reprendre un fonctionnement normal au sein de l’établissement en assurant les gestes barrières et la fourniture d’équipement de protection nécessaire.
Il faut avant tout rassurer les familles et les professionnels
en restant vigilant à l’évolution de la situation sanitaire.
7. Qu’avez-vous appris de cette crise, humainement ?
Amal Chouitem : Durant cette crise, la forte solidarité entre les professionnels et des familles a montré leur capacité à dépasser leur peur face à une pandémie inconnue de tous.
Les familles se sont adaptées à la situation et le contact maintenu avec eux a permis de les accompagner. En contrepartie, les mots de soutien nous ont donné du courage.
Les professionnels de l’IME, de l’association Vivre et Devenir et d’autres associations, disponibles se sont mobilisés pour continuer à accompagner les enfants confinés au sein de notre établissement.
8. Vos procédures ont-elles évolué durablement ?
Amal Chouitem : Oui, la crise sanitaire a entrainé l’évolution continue des procédures de travail et les équipes ont dû s’adapter quotidiennement aux changements dans l’organisation de leur travail.
Le retour d’expérience nous a permis de mettre à jour nos procédures d’hygiène, de sécurité et de prévention de risques psychosociaux afin de se préparer à gérer une situation similaire à celle vécue ces derniers mois.
Aujourd’hui, ces procédures sont totalement intégrées par les professionnels et font partie de l’organisation institutionnelle.
Lire aussi les deux autres articles de la série Une semaine avec Amal Chouitem :
Une semaine avec : Amal Chouitem, la vie à l’IME Marie-Auxiliatrice