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Troisième Journée Inspir’Actions : valoriser les projets motivants et les échanges entre professionnels
Le 06 octobre dernier, l’association Vivre et devenir a organisé la troisième édition de la journée Inspir’Actions à Paris. La journée a rassemblé 70 collaborateurs issus de différents établissements de Vivre et devenir et aussi de l’Association européenne des handicapés moteurs (AEHM), sous mandat de gestion avec Vivre et devenir.
François Laly, vice-président de Vivre et devenir et président de la Commission des pratiques professionnelles, a déclaré lors du discours d’ouverture que cette journée permet de rendre compte « du dynamisme des différentes équipes faisant preuve d’initiatives innovantes. »
Favoriser l’ouverture vers l’extérieur
La première table ronde a été consacrée à la thématique de faire rentrer la cité dans les établissements avec trois initiatives mises en valeur.
La course Auxilium proposée par l’Institut médico-éducatif (IME) Marie-Auxiliatrice (Draveil, Essonne) en partenariat avec l’association Courir pour Marie, a fédéré, le 13 mai 2023, 400 coureurs, plus de 100 bénévoles et 13 partenaires et mécènes. Jonathan Bertin, chef de service, a expliqué que « c’est une course inclusive, sportive et festive. Il y règne un esprit de solidarité ! » C’est notamment grâce à une forte intégration dans le tissu local que la course a pu rayonner et amener une véritable mixité des publics autour du sport.
Ce fort ancrage local concerne aussi le Festival d’arts de la rue Les Petits Charriots initié par la résidence de Tarnos-Océan de l’AEHM situé à Tarnos dans les Landes. « Dès le départ, il faut souligner les valeurs communes et la bonne entente entre l’établissement et la mairie de Tarnos », a déclaré Maider Etcheverry, cheffe de service. « Tout ceci impacte toutes les parties prenantes : d’une part, les résidents en situation de handicap qui accueillent chez eux du public et leurs familles qui sont très impliquées, d’autre part les collaborateurs qui profitent d’une meilleure qualité de vie au travail avec cet événement festif », a analysé Karima Afkir, directrice de la résidence.
Dernière initiative de la table ronde, la friperie solidaire du Groupe d’entraide mutuel (GEM) du Dispositif habitat Côté cours (Le Havre, Seine-Maritime) est gérée par les adhérents en situation de handicap psychique. Ils sont chargés de vérifier, trier puis de vendre les vêtements ou jouets donnés par les habitants de la ville du Havre. Selon Gislain Claveyroles, adhérent du GEM, la friperie permet « une valorisation de l’image de soi et un nouveau regard du grand public sur la maladie mentale » .
Sortir des frontières
L’idée de passer de l’organisation interne à un rayonnement en dehors de l’établissement était aussi au centre des deux projets qui ont clôturé la matinée. Le Pôle autisme Paris a présenté un projet d’échange multiculturel qu’il mène avec Djibouti. Coraline Bodereau, éducatrice de jeunes enfants au Pôle autisme Paris et cheffe de projet, a détaillé le programme financé par l’Union européenne : “Il s’agissait de faciliter le dialogue entre les parties prenantes, organiser des actions de plaidoyer concernant le handicap et proposer des formations. »
Le projet e-fabrik de l’association Traces met le numérique au service du lien social. Il crée des prototypes pouvant améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap et fait se rencontrer deux groupes de personnes : des jeunes des quartiers et des personnes en situation de handicap. « Il faut une dizaine de séances pour impliquer une personne en situation de handicap : il s’agit au début de concevoir l’objet, d’utiliser l’ordinateur ou un autre medium, de choisir les couleurs du prototype … Les objets sont réalisés par les jeunes avec des technologies peu coûteuses comme l’imprimante 3D.», a affirmé Pierre Berrier, responsable du programme e-fabrik et du Pôle Inclusion.
Prendre soin des collaborateurs
Les deux tables ronde de l’après-midi concernaient la responsabilité sociétale des organisations.
Le SESSAD Denisien appartenant au Pôle autisme Seine-Saint-Denis a présenté sa procédure d’accueil des salariés. Adrien Larret, adjoint du Pôle, a décrit : « Pendant deux semaines, l’intégration se fait avec la nomination d’un référent, des temps prédéfinis dans un planning pour notamment échanger et rencontrer l’équipe pluridisciplinaire et pour connaître les différents outils. » L’idée est ici de rendre le salarié plus armé dans ses futures fonctions, d’améliorer l’attractivité et de faire baisser le turn over grâce à une meilleure transmission des savoirs.
À la Maison d’accueil spécialisée (MAS) Les Iris (Saint-Rémy-de-Provence, Bouches-du-Rhône), un comité éthique a vu le jour en 2020. Selon Catherine Gibaudan, cadre de santé, : «L’instance, qui se réunit une fois par trimestre, aborde les sujets du quotidien en dehors des réunions de services. C’est un lieu d’échanges et d’écoute. C’est aussi une réflexion sur notre humilité et comment prendre mieux soin des autres. »
Nelly Thouement, responsable RH de l’AEHM, a apporté un éclairage sur un projet innovant financé par l’agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine : la constitution d’une équipe mobile Qualité de Vie et Conditions au Travail (QVCT) qui se déplacera auprès de trois établissements sur trois ans. « L’équipe mobile servira premièrement de cellule de soutien, puis favorisera la prévention, la formation, la sensibilisation sur les risques psycho-sociaux et sera au service d’autres établissements du territoire avec l’idée de partager des bonnes pratiques. », a énuméré Nelly.
Lancer une démarche de développement durable
La dernière table ronde de la journée a valorisé trois initiatives dans le domaine du développement durable. Sanaa Deny, responsable immobilier de Vivre et devenir, a présenté les actions menées au sein de Vivre et devenir : « Nous sommes accompagnés par un bureau d’étude pour réduire notre consommation d’énergie et allons réaliser un bilan carbone en 2024. »
L’association Comité pour le développement durable en santé (C2DS) met en relation les établissements des secteurs sanitaire et médico-social pour les accompagner dans la démarche écologique. «Notre objectif et de dupliquer les bonnes idées et faire oublier les fausses bonnes idées en animant un réseau de proximité. », a témoigné Karine Chagnes, chargée de missions transversales au C2DS.
Sur le terrain, le développement durable peut être un vecteur de citoyenneté pour les personnes en situation de handicap. Christelle Meziani, auxiliaire socio-éducative au Dispositif habitat Côté cours (Le Havre, Seine-Maritime) a évoqué la création d’un jardin partagé de 300 m2 avec de résidents volontaires en situation de handicap psychique. « Les légumes sont vendus à un prix très accessible à tous les locataires du Dispositif habitat Côté cours. Cela leur permet de manger plus sainement et à nous d’investir dans des plants et de semences pour continuer nos plantations .», explique Christelle.
Mélanie Vivant, éducatrice spécialisée au Dispositif du Perche (Mortagne-au-Perche, Orne), développe également de nombreux projets écologiques : « Les jeunes que nous accompagnons participent au recyclage du carton et à des actions de nettoyage de la nature. Nous avons même un projet qui associe un poney et le recyclage de bouchons. »
Tout au long de la journée, les initiatives et projets ont montré le dynamisme et l’implication des professionnels et des personnes accompagnées. Cette troisième journée Inspir’Actions a remporté l’adhésion des participants comme Abdelmalik Bek, coordinateur 360 à Villepinte : « Ce fut très enrichissant et innovant à la fois grâce aux différents projets présentés et grâce aux échanges facilités avec les personnes. » Pour Justine Guet, éducatrice technique au Dispositif du Perche : « J’ai maintenant une vision plus globale de ce qui se fait.» Sa collègue Sylvie Ortillon, infirmière, complète : « Cela renforce le sentiment d’appartenance et les projets sont suffisamment motivants pour nous donner des idées à l’avenir.»
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Photos Christian Dao